Ou brève introduction aux compétences émotionnelles.
« Comment vous sentez-vous ? »
Voilà une question difficile derrière ses allures simplistes.
Les réponses que j’observe le plus généralement dans ma pratique et dans ma vie quotidienne se résument à « Bien », « mal », « ça va… » ou « ça va pas trop ».
L’intelligence émotionnelle n’est pas enseignée dans nos écoles françaises contrairement à l’intelligence logico-mathématique ou l’intelligence verbo-linguistique par exemple…
Cela implique que cette intelligence se développe plus ou moins naturellement selon l’environnement dans lequel on évolue, selon l’intérêt attribué à cette intelligence par nos parents, nos pairs, bref par les êtres qui nous entourent et que nous sommes amenés à rencontrer, et selon notre propre tempérament.
Bien qu’on s’intéresse à l’état émotionnel de l’autre, nous ne nous sentons pas toujours bien armés pour en parler avec lui, par pudeur, par manque d’habitude à parler ouvertement de ses ressentis, à les nommer…
-> Avez-vous déjà fait ce constat en échangeant avec l’un de vos proches ?
Je vous parle d’intelligence émotionnelle mais elle peut aussi s’appeler intelligence interpersonnelle et intelligence intrapersonnelle, ou encore compétences émotionnelles. Cela dépend des théories et des auteurs !
L’intelligence des émotions
Pour le docteur Howard Gardner, il existe 8 intelligences et parmi celles-ci :
L’intelligence interpersonnelle : la capacité à agir et réagir avec les autres, aider, collaborer, partager
L’intelligence intrapersonnelle : la capacité à se connaître, à s’introspecter.
On sait que chaque intelligence est associée à une zone bien précise dans notre cerveau. Par exemple, la capacité à entrer en relation avec les autres, à percevoir les émotions, travailler en coopération (intelligence interpersonnelle) est associée au sillon temporal supérieur et à la jonction temporo-pariétale.
L’intelligence émotionnelle selon Salovey et Mayer
L’intelligence émotionnelle est un concept relativement récent, proposé en 1990 par deux psychologues américains (Salovey et Mayer). Vous pourrez également la retrouver sous le nom de « compétences émotionnelles » dans certains ouvrages sur le sujet.
Selon les auteurs, la notion d’intelligence émotionnelle renvoie à l’idée que la capacité à identifier, à comprendre, à gérer, et à utiliser ses émotions (et celles d’autrui) est au moins aussi importante pour la réussite que les capacités dites intellectuelles.
Elle est définie comme telle : « la capacité à raisonner au sujet des émotions et à les utiliser afin d’enrichir la pensée » et inclurait « la capacité à identifier les émotions, à générer les émotions adéquates pour faciliter la pensée, à comprendre les émotions et à gérer ses émotions de manière à promouvoir la croissance émotionnelle et intellectuelle » (Mayer, Salovey et Caruso, 2004, p. 197).
Ce concept d’intelligence émotionnelle a été popularisé par un journaliste scientifique : Daniel Coleman qui écrit en 1995 « L’intelligence émotionnelle ».
Ce fut un grand succès ! L’idée prônée derrière cet ouvrage venait contredire l’idée répandue à cette époque selon laquelle le quotient intellectuel (intelligence logico-mathématique, verbo-linguistique, spatiale essentiellement) avait une forte composante génétique et qu’il différait selon l’appartenance ethnique, ou encore le milieu socio-économique et qu’il déterminait fortement le degré de succès professionnel… Avec son ouvrage « révolutionnaire », Coleman expliquait que l’intelligence émotionnelle serait plus importante que le QI dans la prédiction du succès professionnel et personnel (Goleman, 1998, p. 34) et qu’en plus elle pouvait être apprise.
De quoi redonner espoir à tout un peuple à qui on (des auteurs tels que Herstein et Murray) avait dit que l’intelligence et le succès professionnel se réduisait aux maths, à la grammaire, à notre patrimoine génétique, à la situation professionnelle de nos parents et grand-parents, et que c’était tout simplement irrévocable ! ( Je résume volontairement en prenant de grands raccourcis.)
L’intelligence émotionnelle est donc encore aujourd’hui un concept rassurant car elle confirme ce que beaucoup pensent tout bas et qui a été prouvé moult fois : la réussite ne dépend pas uniquement des capacités intellectuelles.
Les recherches actuelles (par exemple Van Rooy et Viswesvaran, 2004) tendent à montrer que l’intelligence émotionnelle est aussi, mais pas plus, importante que le QI dans l’adaptation et la réussite de l’individu.
D’autre part, on privilégie aujourd’hui le terme de « compétences émotionnelles » suite à des débats au sein de la communauté scientifique, qui préférait réserver le terme d’intelligence aux habiletés purement cognitives.
A très vite,
Inès Odry.
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